Le sang de Gaza est entré dans ma maison
*dimanche 28 décembre 2008 (00h0**
*
de *Ishtar COHEN*
Si je pouvais ce soir, j'écrirai avec mes larmes pour hurler le dégoût de ce
que l'Etat israélien est en train de commettre contre le peuple palestinien,
mais peut être plus encore, pour crier l'horreur que m'inspire la complicité
des Etats européens qui cautionnent cette tuerie, qui la cautionnent et qui
l'encouragent.
Je suis écœurée par cette énième démonstration de barbarie et de violence de
la part de l'Israël, cette démonstration de mépris totale pour la vie
humaine, pour la dignité de l'homme, pour le respect des droits les plus
élémentaires de peuples.
Quand je lis que celles et ceux qui prétendent nous représenter renvoient
dos à dos bourreaux et victimes, je sens une rage folle monter en moi comme
un cheval au galop.
Il n'y a qu'une seule victime ici c'est le peuple palestinien. Un seul
bourreau, c'est l'Etat d'Israël.
Les politiciens qui refusent de prendre parti, qui refusent d'adopter une
position morale, humaine, sont des porcs et ne font que perpétuer la trop
longue lignée de génocideurs de tous bords qui asphyxient le monde sous la
haine et les guerres depuis trop longtemps.
Les soldats, complices actifs- mais comment font-ils pour abattre froidement
des gens qui leur ressemblent tellement? Ferment-ils les yeux quand ils
tirent? Se bouchent-ils les oreilles pour ne pas entendre les hurlements, le
bruit des chairs transpercées, des os explosés par les balles?
Est-ce que la haine de l'Autre n'a pas comme limite la ressemblance de cet
Autre avec soi-même?
Je ne peux plus pardonner. Même cela ils me le prennent.
Pour 2009, je leur souhaite des vies de merde et tous les malheurs du monde,
et bien sûr de crever comme les chiens enragés qu'ils sont, dans d'horribles
souffrances, des souffrances de l'âme surtout. Que le remord et les regrets
et l'effroi devant leurs forfaits leur arrachent les yeux et leur
déchiquètent le cœur.
Ce soir est un soir terrible où je me dis que l'espèce humaine ne vaut
décidément rien, et que nous sommes pires que des bêtes.
Des flots de sang qui arrivent de Gaza envahissent ma maison et s'immiscent
dans mon nez, dans ma bouche, dans mes yeux...Je suffoque sous ce sang rouge
et frais, celui des touts petits enfants de Gaza, celui de leurs parents.
Je regarde la tête blonde de ma fille qui dort paisiblement dans son petit
lit. Comment n'entend-t-elle pas les bombes, les obus, les balles qui
sifflent et qui explosent à quelques minutes de nous? Comment ne voit-elle
pas les gerbes d'étincelles, la fumée, le feu qui ravage les cahuttes?
Le sang envahit son lit maintenant, ses draps roses, ses boucles légères...
Comment ne peut on pas penser que le sang versé là bas rejaillira ici,
inévitablement?
Salauds de politiciens qui prétendez parler en notre nom, vous mettez en
danger la vie tous les enfants du monde et pourtant, moi, ce que vous
faites, je n'en veux pas, ne dites pas que c'est en mon nom.
Ce n'est pas en mon nom que coule le sang de Gaza.
La majorité est-elle suffisante pour déclarer une guerre et vider des tonnes
de "plomb durci" sur des peuples déjà désarmés et exsangues?
Est-ce qu'il ne faudrait pas l'unanimité pour décider qu'une guerre va
priver de vie des gens qui sont comme nous? Est-ce qu'une seule voix de
désaccord ne devrait pas suffire, si nous étions vraiment des hommes, faits
soi disant à l'image de Dieu, et pas des animaux, à arrêter la main du
bourreau avant que la hache tranche le cou du condamné?
Je me sens une criminelle ce soir d'avoir donné la vie à un enfant dans un
monde qui me semble soudain intransformable et irrémédiablement pourri.
Si ce qui a eu lieu à Auschwitz, à Dachau, si ce qui a eu lieu en Sibérie,
si ce qui a eu lieu au Cambodge, si ce qui a eu lieu en Iran, si ce qui a
lieu en Irak, en Afghanistan. ..si toutes ces monstruosités qui ont lieu
partout de tous temps ne servent pas à ouvrir nos yeux, ne nous font pas
enfin respecter la vie de nos frères, quelle que soit leur couleur, quelles
que soient leurs coutumes...si nous n'apprenons rien du passé, que sommes
nous à part des imposteurs?
Quand allons nous nous réveiller de ce cauchemar sans fin qui s'est ouvert
il y a trop longtemps et soigner cette plaie purulente du nationalisme
israélien et de l'occupation des terres du peuple palestinien?
Et on me dit ensuite que la Nation est un bienfait? Et j'entends parfois que
le nationalisme serait un socialisme? Qu'il y aurait un bon et un mauvais
nationalisme? On m'explique que pour curer le nationalisme israélien il faut
justement créer une nation palestinienne?
Je ne peux plus entendre cela sans avoir des haut-le-cœur. On ne soigne pas
le feu par le feu.
Et quand je pense que ce soir est un soir de 'Hanouccah.. . j'ai envie de
dégueuler toutes mes tripes et de les envoyer étouffer Ehud olmert, Tzippi
Livni et tous les fascistes de ce gouvernement dont je refuse de croire
qu'il représente la plus grande part des Israéliens.
230 morts, 700 blessés, sans doute bien plus...
Ce soir 27 décembre 2008 l'humain assassine, pille, abat, torture, et brise
l'humain.
Je me lève pour prendre une cigarette. Le sang de Gaza a inondé ma maison.
Mes pieds collent sur le sang caillé qui brunit.
Je crois que je ne pourrai jamais plus le laver. Il restera incrusté entre
les lames de mon plancher, au bord de mes rideaux, sous le tapis de ma
chambre...
Demain dans la rue, toutes les mains seront souillées du sang de Gaza et
moi, je ne saurai plus pourquoi je dois me lever et avancer encore, dans ce
monde de fous, qui marche sur la tête, et où notre pire ennemi est
nous-même. Mon reflet dans la glace me fait peur - suis-je ou ne suis-je pas
l'un de ces monstres? Et que suis-je alors?
Politiciens sanguinaires du monde entier, vous qui nous donnez envie de ne
plus vivre et nous couvrez de honte à la moindre de vos décisions, je
souhaite que 2009 voie la fin de vos règnes de rapaces , la fin des nations,
et qu'elle soit l'année de l'avènement du socialisme et de la paix.