Cette lettre nous est parvenue par l'intermédiaire d'une personne
incarcérée à Villepinte, comme Amadou. Il l'a écrite pour lui, afin de
faire connaître son histoire.
Toutes celles et ceux qui le souhaitent peuvent écrire à Amadou.
(ally-me demander les coordonner en privé svp)
J e m'appelle Mamadou AW, je suis Mauritanien, je suis en France depuis 4
ans où je travaille dans
la restauration. J'ai été arrêté par la police
au mois de mai dernier à 20 mètres de ma maison à beauvais pour un contrôle
d'identité. Je présente aux policiers un papier comme quoi j'ai un
dossier déposé à l'OFPRA en train d'être examiné. Les policiers me
disent que ce papier ne vaut rien, alors que c'est l'Etat qui me l'a
donné, et ils m'emmènent au commissariat où je reste une journée avant
d'être emmené au centre de rétention de Rouen.
Je reste 15 jours à Rouen et le 15 juin on m'emmène à l'aéroport de
Roissy pour être expulsé.
Je dis aux policiers qui m'escortent que je suis demandeur d'asile, que
je risque ma vie si je retourne en Mauritanie mais le policier dit que ça lui
est égal, qu'il a ordre de m'expulser et qu'il obéit.
On m'attache les mains derrière le dos et les jambes. J'essaie de me
débattre et je refuse de monter dans l'avion. Vu que je refuse, les
policiers
m'emmènent vers leur voiture, ils sont très énervés à cause
de mon refus, ils commencent à me battre, à m'insulter moi et ma famille
et à me frapper la tête. Je crie pour que ça s'arrête et l'un des
policiers me ferme la bouche et me tourne très fort la tête pour me faire
taire. Ca me bloque la respiration et pour me dégager je lui mords un doigt.
On m'emmène alors au commissariat de l'aéroport où je demande à
voir un médecin car j'ai très !!! au cou. Le médecin me donne 4
comprimés et une ordonnance. De retour au commissariat, je redemande des
comprimés car j'en ai plus mais la police refuse de m'en donner, meme
en les achetant avec mon argent. Un policier me demande si ça va, je réponds
que non, il me dit que c'est bien alors. Je ne pourrai pas revoir de
médecin ni recevoir de soins.
Le 17 juin, on me transfère au tribunal de Bobigny devant un njuge
d'instruction. Je lui dis que je
veux un interprète car je ne maîtrise pas
le français à 100 pour 100 et que je veux être sûr de ce que je dis. La juge
d'instruction Catherine B m'apprend que je suis mis en examen pour :
-Séjour irrégulier en France
-Refus de se soumettre à une mesure d'éloignement forcé
-Violence ayant entraîné une mutilation ou une infirmité permanente, avec
comme circonstance aggravante que ce soit sur un policier en exercice.
Le dernier chef d'inculpation fait de mon affaire une affaire criminelle.
N'ayant pas d'interprète, la juge dit qu'elle m'incarcère
quelques jours en maison d'arrêt, le temps de trouver un interprète.
Voilà comment je suis arrivé à Villepinte, ces quelques jours vont durer 5
mois avant que je sois interrogé de nouveau. Et encore à nouveau sans
interprète et sans mon avocat au début qui est en retard. Je proteste car il
n'y a pas d'interprète comme convenu mais la juge me répond
:
ォ Soit tu parles, soit je te remets en prison. サ
Alors j'ai préféré parler. J'ai tout expliqué : l'arrestation,
l'aéroport, les coups qu'on m'a portés, le fait que je me sois
défendu. J'ai dit que selon moi je n'avais rien fait de !!!, je me suis
juste défendu car on me frappait et on m'étouffait.
La juge m'a ensuite posé quelques questions sur ma famille, ma
nationalité. Mon avocate n'a rien rajouté.
Depuis cet interrogatoire il y a 1 mois, je n'ai aucune nouvelles, ni de la
juge ni de mon avocate. Pourtant j'ai écrit à mon avocate pour qu'elle
me rende visite et qu'on discute de l'affaire mais elle n'est pas
venue.
Ca fait presque 6 mois que je suis incarcéré à Villepinte avec un mandat de
dépôt criminel.