Une tribu d'Indiens isolés découverte en Amazonie
Par Jean-Luc Goudet, Futura-Sciences
Survolés par l'avion (pendant vingt heures...), les guerriers se défendent. © FUNAI
Repérée et photographiée depuis un avion, pour le compte d'un organisme brésilien de défense des droits des peuples indiens, cette tribu, qui vit près de la frontière péruvienne était jusque-là inconnue. Ces femmes et ces hommes n'ont probablement aucun contact avant notre civilisation. Mais leurs territoires excitent bien des convoitises.
Entre le 28 avril et le 2 mai, à plusieurs reprises, le petit avion Cessna Skylane a survolé une tribu apparemment complètement isolée au sein de la forêt amazonienne, dans l'Etat de Acre, au Brésil, près de la frontière avec le Pérou. D'après les observations de l'équipage, la tribu doit compter environ 250 personnes. Le contact s'est résumé à ces survols, qui ont duré une vingtaine d'heures au total et suscité les craintes et la colère des indigènes, si l'on en juge par les photographies, montrant les guerriers visant l'avion avec leurs arcs.
Survolés par l'avion (pendant vingt heures...), les guerriers se défendent. © FUNAI
La visite n'avait pourtant rien d'agressif. Après la découverte fortuite de la tribu, l'étude en vol a été organisée par la FUNAI (Fundação Nacional do Índio, Fondation nationale de l'Indien), un organisme brésilien qui cherche à mieux connaître les Indiens et à en garantir les droits. Selon la fondation, cette tribu, qui n'avait jamais été repérée auparavant, n'entretient probablement aucun contact avec notre civilisation depuis très longtemps. La même région abriterait quatre autres tribus isolées. Dans l'ensemble de l'Amazonie, le gouvernement brésilien estime à 68 le nombre de tribus ainsi coupées du monde. Dans le monde, selon l'association Survival, il en existerait une centaine.
Des réserves pour les Indiens ou du riz ?
La découverte de cette petite population n'est donc pas une surprise. Mais José Carlos Meirelles Júnior, responsable de l'un des Fronts de protection ethno-environnemental, qui dépendent de la FUNAI, explique qu'il faut médiatiser ces images « car certains ne croient pas à l'existence de ces tribus ». Ce refus s'explique souvent par des intérêts commerciaux. Des chercheurs d'or aux vendeurs de bois tropicaux, de nombreux prospecteurs cherchent à exploiter ces territoires encore inexplorés.
Aucun autre contact ne sera recherché avec cette tribu, car il est en général fatal. © FUNAI
Les litiges, d'ailleurs, ne manquent pas. Face aux réserves d'Indiens imposées par l'Etat brésilien, les agriculteurs entrent parfois en rébellion. Le cas le plus emblématique est celui de la réserve de Raposa Serra do Sol (Etat de Roraima, au nord du Brésil), d'une surface de 1,7 million d'hectares, où vivent 20.000 Indiens. Ses frontières, définies par un décret présidentiel de 2005, sont toujours contestées par les cultivateurs de riz qui y possèdent des plantations et qui n'hésitent pas à se servir de leurs armes. La situation a récemment empiré et s'est transformée en conflit ouvert depuis le mois d'avril. Une association catholique locale a même lancé un appel à solidarité.
Aucune expédition n'est prévue pour rendre visite à la tribu qui vient d'être découverte. La FUNAI a depuis longtemps renoncé à établir des contacts, qui se terminent en général très mal pour les populations indigènes, notamment parce qu'elles risquent de succomber à des maladies inconnues pour elles.
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